Un discours du bobo Alies et de sa clique !
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Contre grenelle décroissance – aller plus loin – Jean
Le texte en noir est le texte intégral des propositions du « contre grenelle de l’environnement » du 6 octobre 2007.
Propositions qui se trouvent là
Les autres couleurs sont réservées aux commentaires, analyses et propositions.
Face au Grenelle sarko-compatible
alors que le sarkozysme est non écolo-compatible :
Inventons tous ensemble une écologie sarko-incompatible
Ce texte reprend les grandes lignes du discours tenu par Paul Ariès lors du contre-Grenelle de l’environnement du 06 octobre à Lyon.
La salle étant beaucoup trop petite ce meeting a eu lieu en plein air.
Comment en est-on arrivé à croire que le sarkozysme (sarkozysme … comme marxisme, darwinisme, freudisme, bref un homme… une pensée . Voilà Sarko introduit dans la cour des grands … pourquoi pas, après mitterandisme, fabiusisme, blairisme, ségolisme… ! aucune raison de ne pas continuer … jusqu’au Bill gatisme 🙂 ) puisse être écolo-compatible ?
La gauche et la droite partagent le même bilan environnemental effroyable. Ces deux systèmes ont fait tout au long du 20e siècle – au-delà de ce qui les distingue socialement – de la domination de la nature l’un des grands ressorts permettant d’assouvir leur productivisme. Ces deux systèmes se heurtent aujourd’hui à la même impasse environnementale.
La droite et la gauche ne se trouvent cependant pas dans la même situation sociale face à l’impossibilité de faire croître encore le gâteau grâce à la croissance (le PIB mondial).
Les milieux d’affaires, la droite et la gauche néolibérale ont la possibilité de rebondir en faisant payer la crise écologique aux plus pauvres (individus ou peuples). La question des agro-carburants et celle des taxes sur le carbone sont à cet égard symptomatiques : choisira-t-on finalement de nourrir nos voitures (d’abord celle des riches) ou sept milliards d’humains ? Ce « capitalisme vert » est non seulement une mascarade mais une fuite en avant. Il repose sur l’idée folle qu’un peu de croissance pollue mais que beaucoup dépollue. Il nie que le système productiviste même soit en cause et ne parle que de dysfonctionnements provisoires.
La gauche ne peut aller dans cette direction. Elle reste cependant aphone faute de solder son passif en réglant son compte au productivisme et à la foi béate dans le progrès.
Parce qu’il a su réunir les opposants de l’extérieur et les dissidents de l’intérieur qui sont sans aucune illusion sur le caractère sarko-compatible du Grenelle alors que le sarkozysme est lui non écolo-compatible, le contre-Grenelle qui s’est tenu à Lyon ce samedi 6 octobre 2007 constitue un événement important pour travailler ensemble à repolitiser l’écologie. Notre grand dessein est de devenir capable de marier notre souci de justice sociale avec les contraintes environnementales (dans le sens de créer et préserver des conditions de vie durable et de qualité sur l’ensemble de la planète)mais nous savons que ce ne sera possible qu’en organisant un retour au politique et en faisant d’abord un effort de théorisation et de passage à l’acte…
Nos adversaires ont su conquérir l’opinion publique grâce à la puissance de leurs lobbies. Nous devons donc nous jeter dans cette bataille pour l’emporter de nouveau culturellement. Nous n’avons pas voulu cependant tirer de conclusions au soir du contre-Grenelle car nous savons que le travail à faire ne fait que commencer et qu’il sera nécessairement collectif.
Les propositions que nous jetons au débat sont certes insuffisantes car elles tiennent compte du rapport de force politique et idéologique mais elles sont faites pour donner à penser et à rêver, pour fissurer le « faux consensus » et pour introduire des dynamiques de rupture. Elles doivent être débattues, enrichies, modifiées mais servir aussi à développer des luttes unitaires. Ces propositions débordent le seul champ environnemental car l’écologie constitue un tout.
En préalable il convient de remarquer qu’il serait temps de se définir positivement et non négativement. Être contre, c’est se définir en « opposition à …. ». Nous préférons la démarche qui part de l’analyse de nos besoins d’humains et de l’organisation sociale qui en découle pour arriver à des propositions. C’est plus important qu’il n’y parait. Par exemple être contre Bill Gates c’est bien, être pour linux et les logiciels libres source publique, c’est mieux. Etre contre le chômage, c‘est bien, être pour les 20h par semaine en moyenne c’est mieux. Etre contre le logement cher c’est bien, être pour payer son logement à sa vraie valeur (3 à 10 fois moins, selon les cas, en expliquant pourquoi et comment …) c’est mieux….. etc. …etc.
1-Contre la fuite en avant techno-scientiste profitable aux seules grandes firmes, ne cédons pas sur l’exigence de moratoires durables sur les OGM, le nucléaire, les incinérateurs, les constructions d’autoroutes mais aussi les agro-carburants.
Un moratoire (du latin moratorius, de morari : retarder) est un terme de droit, qui désigne une décision d’accorder un délai ou une suspension volontaire d’une action (définition Wikipédia)
– Pour les OGM, les agro-carburants et les incinérateurs, moratoire est le mot juste.
– Pour les constructions d’autoroutes, il n’est pas adéquat (si les grands projets relèvent d’un moratoire, des travaux ponctuels décidés dans le cadre de la démocratie locale, doivent pouvoir être terminés. Exemple: le viaduc de Millau)
– Pour le nucléaire de fission, il est carrément trompeur. Ce n’est pas un moratoire qui est souhaitable mais bel et bien une sortie du nucléaire de fission! (pour ce qui est du nucléaire de fusion doit-on, à priori s’opposer à la poursuite des recherches internationales en cours à Cadarache -ITER- ?)
« Ne nous laissons pas piéger par le « compromis bidon » qu’on voudrait nous imposer avec l’idée d’un libre choix entre des régions avec OGM et d’autres sans. » Il est évident qu’un moratoire sur les OGM au nom du principe de précaution, ne peut-être que général.
2 -Contre la soumission de l’école aux impératifs du marché qui aboutit à en faire un lieu de formatage des forçats de la production et de la consommation inventons une école dont la mission fondamentale serait de transmettre le dur métier d’humain (si l’humain est le cœur de nos préoccupations et si nous souhaitons que la politique, le social contrôlent l’économie et non l’inverse, cette formulation « métier d’humain ” qui renvoie à l’économisme dominant est pour le moins curieuse ) , lançons aussi un grand projet éducatif, à l’instar de ce que furent les MJC, en matière d’éducation à une autre conception et pratique de la nature.
L’école a tendance à refléter la société. L’enjeu étant de changer notre mode de vie et donc la société, notre réflexion sur l’école s’inscrit dans cette problématique. Le changement de l’école ne peut qu’accompagner un changement de l’ensemble de la société.
Ces changements doivent permettre aux élèves de mieux comprendre leur milieu (connaissances techniques, humaines, historiques, sociales) condition nécessaire pour, de sujet, devenir acteur. Ils impliquent une refonte totale des programmes et des méthodes institutionnelles actuelles en plus grande interaction avec l’ensemble de la société. Enseigner quoi et comment, avec quels enseignants, avec quelle formation ?..
Ces changements doivent viser à favoriser l’existence de citoyens non soumis à l’autorité, critiques, rationnels, coopératifs, solidaires.
L’Ecole ne doit pas préfigurer les structures hiérarchiques de la société : des chefs « petits et grands » au dessus d’une « masse » sans parole propre. Ainsi la structure actuelle avec un enseignant unique dans sa classe, face à un « public » plus ou moins soumis, est le cœur du système qu’il importe de changer.
En primaire comme au collège il serait fondamental de faire éclater la classe. Regrouper trois tranches d’âges face à trois enseignants irait dans ce sens.
Trois tranches d’âges permet au plus jeunes de recevoir des plus âgés, occasionnellement l’inverse. Quand un élève partage avec d’autres élèves, il comprend mieux lui-même. Développement de l’esprit de coopération plutôt que celui de compétition.
Trois enseignants cela permet d’éviter le face à face avec un seul adulte. Possibilité d’évitement, complémentarité des enseignants en fonction de leurs centres d’intérêts, regards mutuels d’un enseignant sur l’autre propice à éviter le développement de situations malsaines.
Le sujet est fondamental et mérite mieux que l’approximation caricaturale.de « lieu de formatage des forçats de la production et de la consommation »
3 Contre la pensée unique des grands médias et afin de libérer l’information de la tutelle des multinationales car on ne pourra faite de l’écologie sans transparence et sans choix entre des options différentes (option préférentielle pour les riches à la Sarkozy ou pour les pauvres), revenons à l’application des ordonnances de 1944 sur la presse, édictées par le Conseil national de la Résistance.
4 Contre l’agression publicitaire, faisons primer le droit des usagers à être protégé sur celui des marchands à vendre leurs produits, abrogeons la circulaire Lang qui banalise la pénétration de la publicité et des marques commerciales dans les écoles, interdisons sur le modèle de la Suède la publicité télévisuelle à destination des enfants, limitons le nombre et le taille des panneaux publicitaires, allons vers des villes sans pub à l’instar de Sao Paulo, inversons la logique juridique qui veut que le protection des citoyens soit une exception et la « pub-tréfaction » la règle.
3 et 4
Libérer les médias de la tutelle des multinationales au nom de l’écologie, c’est très réducteur. C’est au nom de la DEMOCRATIE qu’il faut prendre des mesures concrètes aujourd’hui et non revenir 50 ans en arrière. Qu’est ce qu’un « média »? Un fournisseur de mots d’images de sons de vidéos? Aujourd’hui, c’est cela en gros. Il n’y a pas de traitements différents en fonction des contenus. De fait l’évolution des « médias » est principalement l’histoire de la croissance de la « réclame », de la « pub », de la « propagande marchande » depuis o% dans les premières feuilles journalistiques au 19 ème siècle à 100% avec Télé Bouygues (TF1 et les autres, vendent des temps d’accès au « cerveau » ), la plupart des « radio libres » et pour finir par les quotidiens gratuits. Le fil conducteur, c’est le fric, toujours plus. Principalement, mais pas seulement. Ces gens qui font du fric, qui s’invitent mutuellement, forment « naturellement » un groupe homogène « politico-people » où les lieux communs servant leurs intérêts font office de pensée.
La publicité n’est pas principalement une « agression » (parmi d’autres) mais la pièce maîtresse d’un certain mode de production et de consommation, et module fortement voire conditionne la production médiatique. Faisons voter une loi qui interdise tous les espaces publics (physiques ou virtuels) à la publicité et la réglemente sévèrement dans tous les autres espaces : la publicité doit être réservée à des médias qui impliquent une démarche individuelle et volontaire pour y accéder (ex : les revues, les sites internet)
Très concrètement :
– Suppression de tous les vecteurs publicitaires sous toutes leurs formes: panneaux publicitaires, publicités dans les abris bus Decaux , vélos Decaux , enseignes lumineuses etc.…
– Suppression de toute publicité sur les chaînes de télévision publiques. Suppression de la redevance (qui est le fait un impôt forfaitaire) et financement par les impôts directs (et donc en rapport avec le revenu). Pour un service public télévisuel européen.
– Accroitre la TVA sur les budgets publicitaires (passer de 20 à 50, 100 ou 200%…)
– Réglementer sévèrement le contenu des publicités :
~ interdire l’idée qu’il pourrait y avoir des produits ou services gratuits (ex: un acheté, un gratuit, pour un euro de plus vous avez la climatisation ….).Ce genre de publicité relève de la manipulation mentale et de l’escroquerie.
~ interdire les publicités qui instrumentalisent le sexe ou les sentiments
~ etc. …etc. …
et dans le cadre de ce qui précède cela devient anecdotique : l’abrogation de la circulaire Lang bien sur.
* Relation entre publicité, presse, information (à traiter en relation avec la construction d’une société démocratique)
5 Contre l’insécurité sociale et psychologique que généralise la précarité mais aussi le salariat et qui entretient la « fièvre acheteuse », adoptons le principe d’un « revenu universel d’existence » inconditionnel couplé à un « revenu maximal autorisé » permettant à chacun de vivre simplement pour que chacun puisse simplement vivre.
La « fièvre acheteuse » traverse toute les couches de la population. Certains achètent des bibelots inutiles, des fringues …, d’autres des voyages, des 4X4, des piscines etc.… Dire que c’est l’insécurité sociale et psychologique qui entretient la « fièvre acheteuse » est pour le moins très réducteur.
En tous les cas il s’agit de remplacer un manque d’être par un plus d’avoir, chacun à son niveau.
Le « revenu universel d’existence » inconditionnel, comme réponse à « l’insécurité sociale et psychologique que généralise la précarité mais aussi le salariat « , mérite plus d’attention.
Un revenu, qu’il est plus juste d’appeler revenu social d’existence, social en ce sens qu’il n’est possible que par le travail productif de biens et de services d’une partie de la population, ne saurait s’adresser à tous, mais à trois catégories de la population :
– Les jeunes, de la naissance à l’entrée dans le « monde du travail ».
– Les personnes invalides
– Les personnes à la retraite.
Pour toute personne ne relevant pas d’une de ces 3 catégories, prétendre avoir un revenu non conditionné au travail, relève du parasitisme. En effet ce revenu permet l’usage de biens produits par le travail des autres. Bien sûr il est légitime qu’entre 2 emplois la société assure collectivement les moyens d’existence à tout un chacun, c’est le rôle des assedics. Il n’y a ce faisant aucune reconnaissance au parasitisme mais la simple prise en compte du fait que si le travail social, qui doit être fortement réduit, doit être un droit reconnu à chacun, les aléas de l’emploi doivent être gérés collectivement.
6 Contre le tout (auto)routier engageons des mesures décisives comme l’arrêt de la construction du réseau (auto)routier, comme la reconversion d’une partie du réseau existant en chemins de fer, en axes piétons, en pistes cyclables, en jardins potagers ou d’agrément, imposons le bridage des moteurs, interdisons la commercialisation des voitures au-dessus d’une certaine puissance, interdisons les loisirs motorisés et les courses automobiles pour leur valeur anti pédagogique
Des propositions sérieuses sur les réseaux de communication, (auto)routier, ferroviaires, voies navigables, doivent trouver leur origine dans une politique de l’aménagement du territoire laquelle est conditionnée par un projet de société.
L’arrêt de l’extension du réseau (auto)routier est souhaitable, mais laissons à la démocratie locale, départementale ou régionale le soin d’en décider en tenant compte des intérêts « locaux » et « généraux ». Avant toute décision sur un quelconque projet d’aménagement, il faut d’abord analyser les déplacements actuels, leurs coûts sociaux et écologiques dans la perspective d’une transition la plus rapide possible vers une non consommation d’énergie d’origine fossile dans ce secteur comme dans le reste de la société (production, logement …)
7 Contre l’explosion des inégalités écologiques et sociales représentée par le choix d’une régulation par le marché, inventons d’autres politiques de (production et de)distribution des richesses et imaginons des systèmes de tarification en fonction des types d’usages ou des quantités : pourquoi payer son eau le même prix pour faire son ménage et remplir sa piscine ? Pourquoi payer les mêmes impôts fonciers pour une résidence principale et secondaire ? (C’est tout le système des impôts taxes et prélèvements sociaux qui est à revoir). Ce mécanisme peut être généralisé à l’ensemble des services publics et des biens communs sur la base de délibérations collectives.
Il semble que l’essentiel de ce paragraphe est la référence aux services publics et aux biens communs. Un principe simple doit servir d’assise à notre réflexion : le bien public, collectif doit être géré collectivement, dans l’intérêt collectif. C’est vrai pour l’eau, le gaz, l’électricité, les réseaux routier, ferré, l’espace hertzien, mais aussi pour le foncier. Dans ce cadre, il est possible et souhaitable d’avoir une réflexion sur le prix de l’accès à certains biens et services avec comme objectif de les rendre abordables à tous en dissuadant leur gaspillage. En ce sens un prix progressif de l’eau, du gaz, de l’électricité va dans la bonne direction.
NB : Ceci a un rapport avec la notion de marchandise. Les marchandises et les marchandises seulement relèvent du marché. Mais, objectivement, qu’est ce qu’une marchandise?. La question est fondamentale. Elle touche à l’organisation économique et sociale de toute société selon la réponse apportée.
Comment pourrait-on avoir un discours pertinent sur la « marchandisation » si on ne sait pas ce qu’est une marchandise?
Dans un texte à venir ( c’est fait suivre le lien -> ), nous développerons les notions de marchandises et de marché.
8 Contre la généralisation de la bio-industrie, imposons le retour à une véritable norme « bio » respectueuse des produits, des cultures et des hommes, généralisons une restauration sociale (scolaire, entreprise, etc.) faite sur place, avec des produits « bio », locaux et de saison, interdisons l’irradiation des aliments qui ne profite qu’aux acteurs de la globalisation, agriculture intensive et grande distribution. Qu’est ce que la « bio-industrie », qu’est ce qu’une « véritable norme ‘bio’ « ?
9 Contre la délocalisation de l’économie construisons une préférence pour les marchés locaux en versant des subventions ou des aides sociales sous forme de « monnaie locale » comme en Allemagne, démantelons les systèmes de franchise commerciale
10 Contre la délocalisation de toutes nos activités, interdisons les voyages scolaires lointains, recentrons le tourisme social sur le « tourisme vert de proximité » .
9 et 10 – Les « délocalisations » sont de nature très différente. Elles concernent des productions de marchandises à plus ou moins forts rapports prix/poids, des productions « immatérielles » (ingénierie, logiciels, centres d’appels etc. etc. ), des capitaux par la délocalisation de sièges des entreprises accompagnés de bilans truqués via les paradis fiscaux . Ces diverses délocalisations demandent des traitements différents et vigoureux. Ca va d’une très forte augmentation du prix du transport (objectif 0% CO2) qui limiterait fortement les délocalisations des marchandises ayant un faible rapport prix sur poids, jusqu’à l’étranglement des paradis fiscaux, en passant par des mesures concrètes contre le dumping social. Nous voilà bien loin de l’interdiction des « voyages scolaires lointains ».
11 Contre une société globalitaire qui fait fonctionner le système juridique au profit des plus gros, remettons en cause les règles universelles qui sous prétexte d’hygiène ou de sécurité imposent partout les mêmes normes à l’ensemble des acteurs : pourquoi imposer par exemple la même méthode aux géants de la malbouffe et aux petits restaurants ? Adoptons des règles différentes selon la nature réelle des dangers.
La dernière phrase paraît frappée du coin du bon sens. Elle admet l’existence de règles. Le problème est de savoir comment ces règles sont édictées. La réponse se réfère à la question plus générale du fonctionnement démocratique de la société question entr’aperçue dans les 2 dernières propositions (19 et 20)
12 Contre la dictature des temps rapides sur les temps lents et des temps courts sur les temps longs, soutenons les projets de ralentissement des villes, adoptons le programme « slow Food » pour les écoles à l’image des régions italiennes, soutenons les villes qui en adhérant au Mouvement international des villes lentes refusent de grandir, généralisons le « droit à la nuit » en interdisant l’éclairage public intempestif, généralisons la priorité aux TER plutôt que de construire des lignes TGV .
Programme « slow Food », « droit à la nuit » … pourquoi pas ?… et n’oublions pas « citta slow » … il est sur que, jargonner en anglo-américain, voire en italo-anglo-américain aide à faire passer bien des banalités (sympathiques par ailleurs).
13 Contre l’emprise de l’économie, maintenons et renforçons l’interdiction du travail le dimanche et interdisons l’ouverture nocturne des grandes surfaces commerciales
14 Contre l’idéologie du « travailler plus pour gagner plus » , reprenons le combat pour marcher vers les 32 heures en 4 jours et le droit de « vivre et travailler au pays »
13 et 14 : sur le travail
Aujourd’hui, le discours ultra- libéral niant la réalité historique voudrait faire croire que la seule façon de gagner plus, c’est de travailler plus. Or en un siècle, entre 1880 et 1980 le temps de travail annuel a été divisé par 2 et pourtant le niveau de vie d’un prolétaire de 1880 est sans commune mesure avec celui d’un salarié de 1980. (De plus, sur cette période, les destructions de deux guerres mondiales ont nécessité beaucoup de travail, non pour améliorer le niveau de vie , mais simplement pour reconstruire).
Le simple constat de la réalité historique montre à l’évidence qu’on peut travailler moins et vivre beaucoup mieux. Il n’y a aucun mystère à cela : l’explication est toute entière dans le fait que chaque année, il y a des gains de productivité.
La combativité sociale durant ce siècle a fait que ces gains de productivité ont largement bénéficié à l’ensemble des travailleurs.( Sous la forme de baisse du temps de travail et d’amélioration du niveau de vie ).
Après 1982 (les 39h et la 5eme semaine de congés payés ) et jusqu’en 2002, l’attentisme et la faible combativité de l’ensemble des salariés ont favorisé un changement dans le partage des gains de productivité. Il s’est traduit par:
Un ralentissement de la baisse du temps de travail ( par rapport aux années 1968 -1982)
Une accélération de la montée du chômage
Une stagnation du pouvoir d’achat pour la majorité avec un enrichissement de plus en plus éhonté des couches les plus aisées.
Depuis 2002 la baisse du temps de travail est la cible privilégiée de la droite et du patronat, pour en arriver avec l’élection de Sarkozy à la volonté de faire travailler plus ceux qui sont déjà à temps plein en faisant financer par la collectivité des gains individuels des patrons et des salariés (ni charges sociales ni impôts sur les heures supplémentaires ) . La collectivité paiera doublement en continuant à financer du chômage à des personnes privées d’emploi qui auraient dû accéder à ces heures. Cette mesure participe de la volonté du patronat et du gouvernement de faire exploser le code du travail.
Dans le même temps le pouvoir d’achat baisse pour le plus grand nombre, l’enrichissement d’une minorité s’accroit, la richesse s’étale, pouvoir et people se congratulent.
Ceci dit faut-il « Reprendre le combat pour marcher vers les 32 heures en 4 jours… » ?
Du temps de travail, du niveau de salaire et des conditions de travail découle en grande partie un mode de vie.
32 heures par semaine c’est de fait la moyenne du temps de travail effectué aujourd’hui rapporté à l’ensemble des personnes qui ont un travail ou qui sont en recherche d’emploi. Bien sûr qu’il serait plus juste de faire individuellement 32 h alors que la plupart des gens travaille entre 35 et 40 h, et que plus de 4 millions de personnes font entre quelques heures et pas d’heures du tout. Mais ces 32 h ne sont pas à la hauteur de la nécessité d’un changement radical de la société, changement que les problèmes écologiques actuels induits par notre mode de vie rendent d’autant plus nécessaire et urgent. Quand le niveau des océans aura monté d’une douzaine de mètres par suite de la fonte du Groenland et des banquises de l’antarctique, le combat pour marcher vers les 32 h paraîtra bien timoré.
Si le combat pour la réduction du temps de travail est nécessaire, vital, il ne s’inscrit pas dans une opposition à Sarkozy aujourd’hui, demain à une « gauche » productiviste, mais dans un projet bien plus fondamental bien plus global, qui est d’avoir un mode de vie permettant un mieux être durable pour tous les habitants de la planète.
L’objectif à atteindre au plus vite devrait plutôt être de l’ordre de 20 h de travail social (dans le sens de travail nécessaire au fonctionnement de la société ) par semaine en moyenne soit 900 h par an.
Cet objectif est à notre portée, si :
1 – On fait en sorte que en permanence, le plus grand nombre possible de personnes participent au travail social.
2 – On réduit le travail social à ce qui est nécessaire, utile dans un cadre démocratique (voir points 19-20).
Ainsi on peut participer à la baisse du temps de travail en s’attaquant :
– aux productions nuisibles : publicité, armements offensifs, industrie chimique, 4×4, jets privés, airbus etc. …
– aux services redondants :3 réseaux de téléphone portable, gestion de la couverture sociale (un remboursement à 95 %, ou 100 % par la sécurité sociale rendrait inutile l’existence des mutuelles et des assurances.)
– aux secteurs largement « parasitaires » : banques, armée ….
3 – On revoit notre façon de produire et de consommer.
– Les productions des marchandises doivent être sévèrement règlementées de manière à rendre leur fabrication et leur usage respectueux de l’environnement, à limiter le gaspillage et la surconsommation (par exemple, obligation de garantie sur une très longue période, et donc prise en compte d’une facilité d’entretien et de réparation )
– Les consommateurs doivent être incités financièrement et par une aide à la prise de conscience, à des achats ou à une consommation plus raisonnés.( exemple : forte tva sur grosses voitures, plus faible sur les petites, baisse du prix pour les premiers kwh puis accroissement de plus en plus important avec transition pour supprimer le chauffage électrique, de même pour l’eau ….. etc )
La réalisation de ce qui précède, entraîne une rétroaction qui accentue la baisse du temps de travail social. En effet, une forte baisse du temps du travail permet à certains la réappropriation d’activités jusqu’alors réalisées dans le cadre d’un travail socialisé (garde des enfants, ménage, bricolage, jardin, entretien électro- ménager, voiture etc. etc. ….)
Comment impulser la lutte pour avancer vers les 20 h ?
Des sommes colossales sont dépensées chaque année pour le traitement social du chômage . Concrètement, elles arrivent soit dans la poche des employeurs par toute sorte de dégrèvements (ça leur fait de la main d’œuvre bon marché), soit elles aident à vivre des salariés privés d’emplois. En aucun cas ces aides n’arrivent au salarié qui participent de fait, ou voudraient participer au partage du travail. Il serait souhaitable que toutes les aides aux employeurs servent à cette fin.
Tout salarié travaillant entre 50 et 100% du temps légal du travail (aujourd’hui, 35h ) devrait être compensé de la moitié du temps le séparant du 100%. Ainsi un salarié à mi-temps devrait toucher 75% du même emploi à plein temps (un 60% toucherait 80%, un 80% toucherait 90% ). Cette compensation devrait être payée moitié par l’employeur, moitié par les ASSEDIC
Il est normal que l’employeur, paie plus un salarié à temps partiel car cela lui permet une plus grande souplesse dans l’organisation de son entreprise.
Il est normal que les ASSEDIC participent car cette mesure ferait diminuer le chômage.
Temps partiel |
Salaire |
Augmentation salaire horaire |
90 % |
95 % |
5,5 % |
80 % |
90 % |
12,5 % |
70 % |
85 % |
21,4 % |
60 % |
80 % |
33,3 % |
50 % |
75 % |
50 % |
Statistiquement un emploi à temps plein serait financé pour 50 % par les salariés, 25 % par l’employeur et 25% par les ASSEDIC. Si quelques millons d’emplois étaient ainsi partagés, la diminution de la pression du chômage ne pourrait aller que dans le bon sens pour l’ensemble des salariés.
Sur l’ensemble de la société, l’idée qu’on peut vivre mieux en travaillant moins serait renforcée car la mise en pratique de la mesure serait porteuse de questionnement pour ceux qui ne l’avaient pas encore envisagé.
Imaginons : La mesure est adoptée. Dans l’année qui suit, 1 salarié sur 10 choisit de passer d’un plein temps à un temps partiel à 50% . Pour eux, vivre mieux en travaillant moins est un choix, une réalité concrète. C’est important, c’est déjà beaucoup. Pour ceux qui retrouvent un travail salarié c’est mieux aussi. Mais le plus important c’est le début possible d’une dynamique. Un salarié sur dix qui choisirait un temps partiel, ça signifierait que chacun dans son entourage connaitrait une ou plusieurs personnes qui auraient fait un tel choix. C’est montrer par l’action que c’est possible, qu’on peut vivre autrement. C’est amener chacun à s’interroger… travail et consommation ne sont pas des horizons indépassables, c’est ouvrir des perspectives.
14 bis Pour la laïcisation du calendrier, remplaçons les fériés religieux par une semaine de congés payés pour tous.
En plus de la nécessaire laïcisation du calendrier cette mesure efface 2 injustices :
– la religion chrétienne n’est plus privilégiée par rapport aux autres croyances (pas de fériés spécifiques pour les musulmans, les juifs, les animistes, les raëliens etc. etc. ).
– De nombreux salariés ne bénéficient pas de ces jours fériés. ( Si leur entreprise est fermée ce jour là, ils ne sont pas payés ou doivent rattraper les heures.)
15 Contre les nuisances industrielles, supprimons toute aide aux pollueurs (c’est plutôt minimaliste, il serait préférable de sanctionner les « pollueurs ») et soutenons les industries qui se reconvertissent sous forme de petites unités à production relocalisée (quoi qu’elles produisent ? !!! … )
16 Contre la société industrielle globalitaire, développons l’autonomie dans tous les domaines notamment énergétique, soutenons d’abord les économies d’énergie puis les énergies renouvelables à taille humaine ou coopérative.
Développer l’autonomie … c’est plutôt bien. Dans le domaine énergétique c’est urgent. C’est même fondamental. Il est curieux que la question énergétique apparaisse seulement dans la 16eme proposition sous la rubrique autonomie alors qu’elle est la clé de voûte de l’économie. Bien sur, l’économie n’est pas la totalité de la vie sociale, mais elle conditionne fortement les possibles sociaux. Que serait notre économie et partant notre société si le but était, comme il devrait l’être, l’arrêt total de la consommation des combustibles fossiles d’ici 30 ou 40 ans, allié au refus du nucléaire de fission? Quelles mesures concrètes dès aujourd’hui à la hauteur de cette nécessité?
17 Contre l’occidentalisation du monde, reconnaissons notre dette environnementale mais refusons aussi l’idée que la pauvreté justifierait la destruction de la planète
Notre « dette environnementale » existe, elle est colossale, elle est même insolvable et elle ne relève pas seulement du passé mais continue de s’accroître tous les jours.
Tenir compte de cette réalité impose des mesures drastiques (sur l’énergie, les industries chimiques, « biologique », les brevets etc etc ) pour que, au minimum, cette « dette environnementale » cesse de croître.
18 Contre le double échec du capitalisme et du socialisme productivistes, ré-hiérarchisons nos systèmes juridiques pour concilier les contraintes environnementales (énergétiques, chimiques, biologiques, urbanistiques ) avec notre souci de justice sociale par un nécessaire retour à la primauté du politique.
19 Contre l’écologie apolitique, repolitisons l’écologie en rendant la parole au peuple, c’est aux citoyens de décider ce qui doit être (quasi)gratuit, renchérit ou interdit, c’est aux citoyens de choisir de façon autogestionnaire quel avenir ils souhaitent
20 Contre l’illusion de la toute-puissance sarkozyenne, jouons la carte de la démocratie, exigeons la représentation proportionnelle pour toutes les élections, faisant respecter le non cumul des mandats et adoptons le mandat impératif, optons pour un régime « primo-ministériel » contre la présidentialisation et la « peopolisation » du pouvoir.
19-20 Politique et démocratie :
C’est évident que l’écologie renvoie au mode de vie des humains, et donc est conditionnée par les actions, les politiques, de ces humains. Non la démocratie n’est pas une carte à jouer contre l’anecdotique petite personne de Sarkozy.
La suite est le texte du fichier « Démocratie politique … institutions «