Spoliation et exploitation

1 – Spoliation :

Une recherche rapide arrive à la définition généraliste suivante :

 » Action de déposséder par violence ou par ruse; résultat de cette action. »

On pense voir à peu près de quoi il s’agit mais ce n’est pourtant pas très clair.

De déposséder…

Encore faudrait-il être un possesseur.
Il semblerait qu’il faille au préalable posséder quelque chose pour pouvoir ensuite être spolié.

C’est vrai dans certains cas mais c’est loin de couvrir l’ensemble des possibilités auquel renvoie ce mot.

En fait, la spoliation est l’appropriation par la violence ou par la ruse d’une ressource, d’un moyen de vie, de production, par un individu ou un groupe afin de l’utiliser à leur usage ou à leur bénéfice.

Quelques exemples éclaireront le propos.

Aller avec des chalutiers s’approprier du poisson au large de l’Afrique ou ailleurs, très loin de nos côtes.

Décréter que des terres, qui existaient bien avant les humains appartiennent à tel ou tel état, empereur, roi ou seigneur qui a planté son petit drapeaux, état, empereur roi ou seigneur qui peut les « vendre » c’est-à-dire en donner l’usage exclusif et transmissible à des individus. Vendre des terres qui n’appartiennent à personne. C’est évident parce que récent et caricatural aux USA, mais c’est vrai partout dans le monde.

S’approprier les ressources minières d’un territoire pour l’usage et le bénéfice de quelque uns.

Empêcher que des individus puisse participer à produire et percevoir la contrepartie de sa production.

Les cas concrets de spoliation sont nombreux.

On peut aussi faire jouer notre imagination pour illustrer ce que peut être la spoliation.
Imaginons qu’un groupe humain préhistorique interdise à un autre groupe, moins nombreux ou moins armé, en tout cas moins « fort » une zone giboyeuse ou recelant de nombreux fruits propices à la collecte : nous aurions un exemple de comportement relevant de la spoliation.

Pour ce qui est du présent, en France, il est une situation courante qui relève de la spoliation et n’est jamais mentionné en tant que telle : la privation de l’accès au travail d’une portion de plus en plus grande de la population. Cette privation est imposée à l’ensemble de ceux qui ont cet accès, se faisant ainsi exploiter (environ 92 % des « travailleurs ») les transformant en plus, malgré eux et à  l’encontre de leur intérêt en spoliateurs.
Ainsi les exploités faisant 35h/semaine ou plus deviennent aussi de FAIT et malgré eux des spoliateurs.

2 – Exploitation  s’appliquant aux relations humaines.

L’exploitation résulte de l’échange d’un objet ou d’un service avec un autre objet ou service.
Un objet ou un service contient une certaine quantité de travail.
Si l’échange n’est pas équilibré on a affaire à l’exploitation.

Une quantité de travail donnée échangée contre une quantité  plus importante fait de vous un exploiteur
Une quantité de travail donnée échangée contre une quantité  moins importante fait de vous un exploité

Bien sûr on peut être exploité soi-même et à l’occasion  avoir le rôle de l’exploiteur. C’est ce qui arrive quand on obtient un objet ou un service en échange d’un montant qui pour vous représente moins de travail que l’objet ou le service obtenu. Exemple : vous obtenez un repas en Afrique sub-saharienne pour un montant de 1 €. Supposons que ce repas entre les produits la préparation le service et l’entretient correspondant des locaux représente 1 heure de travail. Supposons qu’en France votre salaire horaire net soit de 10 €. A ce titre, vous faites bien parti des exploités. Mais dans ce cas concret vous échangez 1/10 heure de votre rémunération horaire soit 6 minutes contre 1 h de travail.
Vous êtes bien dans une relation d’exploitation et c’est vous l’exploiteur !
Ceci n’est pas un jugement mais relève simplement du factuel.
Une fois ou l’autre, c’est arrivé à chacun d’entre nous d’être dans cette situation ou une situation équivalente.

Un approche plus individuelle sera donnée là.

Mais ici il est question de l’exploitation sociale , celle qui globalise à l’ensemble d’une société donnée.
L’exploitation sociale  se réfère à un travail dans une société donnée.

En France le PIB moyen par heure travaillée en 2018 est de 68 dollars US
https://stats.oecd.org/viewhtml.aspx?datasetcode=PDB_LV&lang=fr
Sur la ligne  Sujet : PIB par tête    cliquer sur le menu déroulant.
La 6eme ligne correspond à : « PIB par heure travaillée . Cliquer.
La France se trouve sur la 10 ème ligne.
Les résultats sont donnés depuis 1970 jusqu’à 2018
En allant tout au bout on trouve 68 dollars us en 2018.

Soit en euros 68 x 0,9  =  61,2 €/heure

La durée légale annuelle sur la base de 35 h/semaine est de 1607 heures.

Sur la base de 35 h/semaine un « actif »  produit donc en moyenne pour  61,2 €/h  x  1 607 h = 98 348,4  €
soit 98 348,4 €  / 12  =  8 195,7  € bruts/mois

Voilà quel serait le salaire brut pour 35 h/semaine si la production était répartie uniformément.

Ce qui, compte tenu du taux de prélèvement obligatoire de 48,4 % en 2017 selon l’INSEE
https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381410#tableau-figure1

nous ramène à un revenu net avant impôts direct de :
8 195,7 x [(100-48,4)/100]  =  4 228,98 € net/mois

https://www.inegalites.fr/Salaire-etes-vous-riche-ou-pauvre

  L’en tête de l’animation n’est pas très judicieuse. La notion de riche ou pauvre laisse une grande place à la subjectivité.

Ceci dit, l’animation nous indique le pourcentage de la population qui gagne moins qu’un montant donné.
Les nombres rentrés se réfèrent à l’année 2016.
En gros les 4 228 € nets/mois de 2018 correspondraient à 4 114 € en 2016

https://france-inflation.com/calculateur_inflation.php

Ainsi, 93 % de la population a moins et donc environ 7 % de la population a davantage.

Bien sûr si 7 % a davantage, elle le doit aux 93 % qui ont moins.

Aujourd’hui, c’est autour 4 200 € nets/mois qu’existe une frontière objective.

Ceux qui ont moins font partie des exploités.

Ceux qui ont davantage le doivent à ceux qui ont moins, le doivent aux exploités : ils font partis de ceux qui profitent de la répartition hiérarchisée des revenus, ce sont objectivement des profiteurs.

Bien sûr  parmi les profiteurs comme parmi les exploités il y a une grande disparité.

Il n’y a une énorme différence entre, par exemple, celui qui a 1 200 € nets/mois et celui qui a 4 000 € nets/mois. Le premier « cède » 3 000 € par mois alors que le deuxième « cède » seulement 200 € par mois.
Mais tous deux cèdent une part de ce qui correspondrait à un partage égalitaire, part qui peut être énorme ou beaucoup plus petite, cédée à ceux qui sont au-delà de 4 200 €nets/mois, les profiteurs.

Il est évident qu’un profiteur qui a 4 500 €nets/mois est très éloigné et plus « sympathique » qu’un profiteur ayant 10 000 ou 20 000 € nets /mois, voire 100 000 et bien plus pour certains!
Il n’en demeure pas moins qu’au-delà de notre plus ou moins grande indignation, ils doivent tous  leurs excédent de revenus par rapport à un partage égalitaire au fait que 93 % des travailleurs sont en dessous de 4 200 € nets/mois.

On ne peut que constater que ceux qui ont un rôle de dominants et nous dirigent, politiciens, capitalistes hauts « fonctionnaires » et leurs bouffons et complices des médias ont tous absolument TOUS un revenu supérieur à 4 200 € nets/mois et  font partie des profiteurs !

Ce qui ne les empêche nullement d’expliquer aux exploités, y compris aux plus exploités qui n’ont ni les revenus ni le pouvoir qui va avec, que ce sont eux les responsables et que le temps des « vaches grasses » est terminé.
Il faut oser ! Pas de problèmes : ils osent !

Pour ce qui est des plus gros salaires net mensuels, l’animation s’arrête quand on saisie 8 630  € nets/mois indiquant que 99 % des salariés gagnent moins.
Au-delà de 8 630 on est dans les 1 % qui « gagnent » beaucoup plus.

8 630 € nets /mois en 2016 correspondent à environ 8 882 € nets/mois en 2018.

Ainsi tous ceux qui ont en 2018 une revenu de 8 882 € nets/mois et au-delà, font partie des 1 % qui ont les plus gros revenus. Il va sans dire que les possédants ou/et donneurs d’ordre des « grands » médias payent leur valetaille à un tel niveau, et pour certains bien au-delà, et que, faisant partie de ces 1 % les mieux rémunérés, la valetaille ne peut être à même d’imaginer ce qu’est la vie du tout petit peuple des Gilets Jaunes !

Pour simplifier et avoir un nombre présent à l’esprit en 2020 on peut dire que ceux qui ont un revenu net/mois supèrieur à 9 000 € font partie des 1% .

3 – Non spoliation et non exploitation

Un calcul rapide sur le temps de travail social nécessaire par individus en France pour produire les mêmes absurdités que celles produites actuellement conduit à la louche à un temps de travail moyen  de 25h/semaine.
Ceci sur la base suivante : le travail social est réparti sur toutes les personnes entre 23 ans et 60 ans n’ayant pas un handicap les empêchant de participer au travail social.

Ceci amène à une moyenne de 3000€ net/mois sur la base de 25h/semaine.

Bien sur si la production correspond mieux aux besoins réels et compte tenu des rétro-actions positives, le temps de travail pourrait très rapidement être de l’ordre de 20h/semaine voire moins.

Ainsi sans spoliation de travail social le temps de travail serait de l’ordre de 20h/semaine et la limite entre exploités et profiteurs serait aux environs de 3000 € net/mois